Chapitre II
Ses larmes se mélangent au sang qui coule, traçant des rigoles rougeâtres dans la poussière de la salle. Elle serre contre elle le corps inerte de la personne qu'elle vient de tuer. Elle souffre. Elle pleure. Elle hurle. Elle le maudit.
Un bruit sec et régulier résonne dans la salle. Une canne de bois heurtant le sol de pierre. Du couloir obscur sort un homme. Il n'est pas très vieux. Une grande pièce de tissus cousu à sa tunique masque son coté gauche qui semble déformé. Un horrible rictus tord son visage ravagé par de vieilles blessures mal cicatrisées.
Ses maîtres seront content de lui. Il tient sa récompense.
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Viens. Juste un murmure, prononcé par une voix grave et douce comme de l'huile bouillante sur du cuir usé.
Tu as rendez-vous avec un destin glorieux.Son étreinte se desserre. Le corps glisse de ses bras. Elle ramasse ses dagues. Ses mains sont poisseuse de sang. Sa prise est mal assurée. Elle tremble. De rage et de haine plus que de peur. Elle lève les bras à hauteur de sa cage thoracique. Le bras gauche derrière le bras droit. Ses poignets sur le tranchant des armes.
- Plutôt mourir.Elle écarte violemment ses bras. Elle vient de s'ouvrir les veines. Son sang coule flot. Il vient humidifier celui déjà presque sec de sa victime. Elle est toujours debout. Elle n'a pas fini. Un dernier sourire, un dernier geste de défi. Elle enfonce ses dagues dans sa poitrine. Juste sous le sein, droit vers le cœur.
L'homme et ses gardes ne réagissent pas. Stupéfiés, ils voient mais ne réalisent pas, ils ne peuvent, ne veulent y croire.
Ses membres sont lourd. Elle tombe. Sa tête rencontre brutalement le sol. Elle n'a pas mal, elle ne sens rien, juste un petit froid dans son corps. Elle réalise que sa victime à gardée les yeux ouvert. Elle tends une main engourdie, lui baisse les paupières.
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Prends un peu d'avance. Mais ne t'inquiète pas, on reste ensemble. Divague t-elle ? Elle croit voir un sourire... Sa vision est trouble, mais elle sourit en retour. Elle entends un cri, loin, très loin. Elle perds conscience.
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Elle est passée par là, Seigneur. Elle a dût rester une semaine ici, sûrement pour reprendre des forces après l'embuscade des tunnels de Shenzun. Mais il y a un problème... Elle est douée, mais personne ne peux faire une foulée sur une portée aussi grande. Sur cinq kilomètre à la ronde, pas une trace. Même vous, vous n'êtes pas capable d'un tel exploit.Le traqueur est tendu, il n'aime pas s'adresse aux Maîtres. Il en a peur. Celui-là n'est qu'un représentant, mais c'est déjà trop. Avec ses compagnons, il le sait, ils pourraient l'abattre. Moyennant la vie de deux ou trois d'entre eux, mais aucun ne veux prendre un tel risque.
Le Maître le sent, ce vent de peur qui engendre ce désir de fuite et de rébellion. Il lui faut faire un exemple.
Dans un hoquet de surprise, le traqueur rends l'âme. Le maître vient de lui arracher le cœur.
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Ceci, est ta punition pour avoir blasphémé. Il porte l'organe gorgé de sang à sa bouche. Un en-cas appréciable, voilà trois jours qu'il n'a pas mangé quoique ce soit. Son repas fini, il se tourne vers les survivants.
Quant à vous, voici une petite... récompense.Une légère fumée verte s'échappe du linceul que porte le Maître. Les traqueurs ne bougent pas, prisonniers des maléfices du Maître. Comme si elle était vivante, la fumée marque un temps d'arrêt devant les visages des hommes. Puis, d'un coup, se précipite sur eux, pénétrant par leurs narine et leur bouche, ouverte en un cri d'agonie muet.
Leur corps changent : les bras se brisent et s'allongent; les épaules se voûtent. Des griffes leur poussent aux pieds. L'index et le majeur se rassemble pour ne plus former qu'un doigt unique pendant que l'annulaire et l'auriculaire subissent le même traitement tandis que le pouce s'épaissit. La peau vire au gris malsain, des plaies ouvertes apparaissent.
Les transformations s'accélérèrent de plus en plus, puis, s'arrêtèrent aussi soudainement qu'elles avaient commencées. Au final, des cinq hommes, il ne resta que les habits.
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Vous savez ce que vous avez à faire. Réussissez et je vous rendrais complet. Échouez et souffrez pour l'éternité.Les cinq Oni Mineurs s'inclinèrent et disparurent.